
Puis-je renoncer à un héritage ? Découvrez comment le faire et ses conséquences
Il peut arriver qu'une personne désignée comme héritier ou légataire (soit dans un testament, soit directement par la loi) ne souhaite pas réellement accepter un tel héritage, pour quelque raison que ce soit.
En principe, l'acceptation d'un héritage ou d'un legs est un événement positif pour l'héritier ou le légataire, car il augmente sa richesse et sa capacité économique. Cependant, dans certaines occasions, il peut être gênant d'accepter un héritage, par exemple, lorsque le passif de l'héritage est supérieur à l'actif, ou lorsque les actifs spécifiques de l'héritage ou du legs ne présentent pas d'intérêt pour l'héritier ou le légataire, ou simplement lorsque, pour des raisons personnelles ou morales, l'héritier ou le légataire ne souhaite pas acquérir la propriété des actifs appartenant au défunt et à la cause de la succession.
Cette situation a également été prévue par le système juridique à travers la figure de la répudiation d'héritage, par laquelle toute personne désignée comme héritier ou légataire peut exprimer formellement et sans équivoque sa volonté de ne pas accepter l'héritage ou le legs en question, de sorte qu'elle ne deviendra pas propriétaire des biens, droits ou obligations qu'elle aurait pu acquérir par succession.
Comme toujours, dans ce qui suit, j'expliquerai la figure juridique de la répudiation d'un héritage en utilisant le système expositif des questions et réponses.
Qu'est-ce que larépudiation d'un héritage ?
Le Code civil conçoit la répudiation, la renonciation ou le rejet de la succession comme un acte entièrement libre et irrévocable qui peut être exercé par n'importe lequel des cohéritiers, dès qu'il a connaissance de sa désignation comme héritier, indépendamment des autres appelés à la succession. Cette répudiation, renonciation ou rejet de l'héritage en question doit toujours être faite devant un notaire et par la signature de l'acte public correspondant.
Quels sont leseffets de la répudiation d'une succession sur le patrimoine des héritiers ou légataires ?
L'acceptation de la succession implique une subrogation de l'héritier ou du légataire dans l'ancienne situation du défunt, puisqu'il devient le nouveau propriétaire de tous (ou de ceux qui lui correspondent) les biens, droits et obligations de la personne décédée dont la succession est concernée. Cette particularité doit être gardée à l'esprit, notamment au regard des dispositions de l'article 1003 du Code civil, en vertu desquelles, lorsqu'une succession est acceptée (sauf si elle est faite au profit d'un inventaire, possibilité qui sera expliquée plus loin), l'héritier est tenu de toutes les charges et dettes de la succession, non seulement avec les biens de la succession, mais aussi avec les siens.
Ainsi, a sensu contrario, la répudiation de la succession implique que les biens, droits et obligations de l'héritage ou du legs ne font en aucun cas partie du patrimoine de l'héritier ou du légataire, puisque ce dernier déclare formellement, solennellement et sans équivoque qu'il ne les accepte pas, de sorte qu'ils ne font pas partie de son patrimoine et n'ont aucun lien avec lui, de sorte qu'en aucun cas les créanciers de la succession ne peuvent attaquer les biens de l'héritier ou du légataire renonçant pour satisfaire leurs créances.
Qui peut répudier un héritage ?
En ce qui concerne les personnes qui peuvent accorder l'acte de répudiation d'héritage, tout d'abord, comme il ne peut en être autrement, elles doivent être habilitées à le faire, ce qui sera le cas lorsqu'elles ont été désignées comme héritiers ou légataires en vertu d'un titre successoral quelconque.
Cela dit, en ce qui concerne la capacité des constituants, il convient de rappeler que, conformément à l'article 992 du code civil, tous ceux qui ont la libre disposition de leurs biens peuvent répudier une succession, ce qui équivaut à la pleine capacité d'agir, qui est atteinte à la majorité, c'est-à-dire à l'âge de dix-huit ans, et présentant également une pleine capacité intellectuelle et volitive.
- En ce qui concerne les mineurs, conformément à l'article 166 du code civil, si les titulaires de l'autorité parentale entendent répudier l'héritage ou le legs reporté sur l'enfant, ils doivent demander une autorisation judiciaire qui, en cas de refus, impliquera que l'héritage ne pourra être accepté qu'au profit de l'inventaire (sauf si le mineur a atteint l'âge de seize ans et y consent dans un acte public).
- Dans le cas des personnes incapables, il est nécessaire d'évoquer l'article 271 du Code civil, qui établit que le tuteur a besoin d'une autorisation judiciaire pour répudier la tutelle.
- Lorsque les héritiers ou légataires désignés ne sont pas des personnes physiques, mais des associations, des fondations ou des sociétés capables d'acquérir des héritages, leurs représentants légitimes peuvent accepter l'héritage, mais pour le répudier ils doivent obtenir une approbation judiciaire avec l'audition du ministère public (article 993 du code civil).
- Enfin, en ce qui concerne les administrations publiques, elles ne peuvent répudier les héritages qu'avec l'approbation du gouvernement (article 994 du code civil).
Un héritier peut-il renoncer à un héritage afin d'empêcher que les biens hérités soient utilisés pour satisfaire ses dettes antérieures ?
Parfois, certaines personnes qui ont des dettes importantes envers des tiers qu'elles ne peuvent pas payer avec leurs biens, lorsqu'elles sont désignées comme héritiers ou légataires dans un héritage, peuvent être tentées de répudier l'héritage, afin d'éviter que les biens ou droits hérités ne fassent partie de leur patrimoine, de sorte qu'ils puissent être attaqués par ces créanciers pour satisfaire leurs créances.
Cette attitude déloyale à l'égard de ses créanciers est freinée par les dispositions de l'article 1.001 du Code civil, en vertu duquel, si un héritier répudie l'héritage au détriment de ses créanciers, ces derniers peuvent demander au juge de les autoriser à l'accepter en son nom. Dans ce cas, l'acceptation ne profitera aux créanciers que dans la mesure où elle est suffisante pour couvrir le montant de leurs créances, mais s'il y a un excédent (c'est-à-dire un reliquat après la liquidation de ces dettes), il ne sera en aucun cas attribué au renonçant, mais sera attribué aux personnes auxquelles il correspond selon les règles de l'ordre de succession du Code civil.
S'il y a plusieurs héritiers ou légataires, doivent-ils tous accepter ou renoncer à l'héritage conjointement ?
Comme indiqué ci-dessus, l'acceptation ou la répudiation de l'héritage est un acte totalement libre et volontaire, qui dépend exclusivement de la volonté de chacun des héritiers. Ce principe général est expressément énoncé à l'article 1007 du Code civil, qui établit que lorsqu'il y a plusieurs héritiers appelés à la succession, les uns peuvent l'accepter et les autres peuvent y renoncer.
Existe-t-il un délai pour renoncer à l'héritage ?
La réponse est non. La loi n'impose pas de délai pour renoncer à l'héritage, pas plus qu'elle n'impose de délai pour l'accepter. Cependant, une clarification s'impose :
- D'une part, il n'est pas possible de renoncer avant le décès de la personne (article 991 du code civil).
- D'autre part, il est important de renoncer avant l'expiration du délai volontaire pour la liquidation de l'impôt sur les successions et les donations (rappelons que ce délai est de 6 mois à compter du décès du défunt, sauf au Pays basque, où le délai est d'un an).
Quelles sont les principales raisons de répudier un héritage ?
- Le défunt a laissé plus de dettes que de biens: Lorsque vous acceptez un héritage, vous héritez non seulement des bons (biens et droits) mais aussi des mauvais (dettes). Vous ne pouvez pas hériter de l'un sans l'autre. Si la valeur des dettes est supérieure à celle des biens, on peut envisager d'y renoncer afin d'éviter que les dettes ne passent à notre nom. Une option intermédiaire est l'acceptation avec bénéfice d'inventaire. Dans ce cas, toutes les dettes du défunt sont d'abord payées avec ses biens, et ce qui reste, le cas échéant, est réparti entre les héritiers.
- L'héritier ne peut pas payer de droits de succession: Lors d'un héritage, l'héritier doit payer des droits de succession au bureau des impôts de la Communauté autonome où vivait le défunt afin de pouvoir accéder aux biens hérités. Cet impôt dépend de chaque Communauté autonome, et dans certaines d'entre elles, il peut être extrêmement coûteux, surtout lorsque l'héritage ne se fait pas en ligne directe (grands-parents-parents-enfants), mais en ligne collatérale (oncles-oncles-neveux). L'impôt élevé oblige parfois les héritiers à renoncer ou à demander des prêts aux banques pour payer l'impôt.
- L'héritier a des dettes: Lorsque l'héritage est accepté, les biens du défunt font partie de la succession de l'héritier. Si l'héritier a des dettes, ses créanciers peuvent saisir ces biens pour les recouvrer.
Comment est taxée la répudiation d'un héritage ?
La fiscalité de la répudiation d'un héritage est sans doute l'une des questions qui préoccupent le plus les signataires de ce type de document. A ce propos, il faut savoir que l'on peut distinguer trois situations principales, que nous allons essayer de différencier ci-dessous, afin que les intéressés puissent les comprendre clairement :
- L'un des premiers cas dans lesquels nous pouvons nous trouver est la renonciation pure et simple à l'héritage, c'est-à-dire une répudiation effectuée à titre gratuit, qui implique que les biens, droits et obligations de l'héritage ou du legs seront transférés aux personnes établies par la loi. Dans ces cas, conformément à l'article 58.1 du décret royal 1629/1991, du 8 novembre, qui approuve le règlement de l'impôt sur les successions et les donations, le renonçant ne sera soumis à aucune imposition, auquel cas la personne du bénéficiaire de la renonciation sera considérée comme le contribuable de l'impôt sur les successions.
- Un autre deuxième cas que l'on peut trouver est celui des situations dans lesquelles la répudiation de l'héritage est faite en faveur d'une personne spécifique, ce qui est techniquement connu comme une renonciation translative. En ce qui concerne ce type de renonciation, il est généralement admis qu'il ne s'agit pas vraiment d'une renonciation, mais plutôt d'un transfert de droits, ce qui nécessite logiquement que le renonçant ait préalablement acquis la propriété de ce à quoi il renonce ensuite. Dans le même ordre d'idées, l'article 58.2 du règlement précité établit qu'en cas de renonciation en faveur d'une personne déterminée, les droits de succession seront perçus sur le renonçant, sans préjudice de ce qui doit également être payé pour le transfert ou la donation de la partie renoncée à la personne favorisée par ladite renonciation.
- Une troisième et dernière option est celle qui peut se présenter lorsque la renonciation est faite après l'expiration de l'impôt sur les successions, ce qui se produira quatre ans après la date limite de présentation de l'autoévaluation correspondante (c'est-à-dire six mois après le décès du défunt), le tout conformément aux articles 24 et 25 de la loi 29/1987, du 18 décembre, sur l'impôt sur les successions et les donations en relation avec les articles 66 et suivants de la loi 58/2003, du 17 décembre, loi fiscale générale. Dans ce cas, si la renonciation est faite ultérieurement, elle sera considérée fiscalement comme une donation en faveur du reste des héritiers qui ont accepté et sera soumise à l'impôt, en vertu des dispositions de l'article 58.3 du Règlement fiscal précité.
Combien peut coûter l'exécution d'un acte de répudiation d'héritage ?
Il n'y a pas de prix fixe pour un acte de répudiation d'héritage. Afin de calculer le coût exact, plusieurs facteurs doivent être pris en compte :
- Un montant minimum fixe typique des actes notariés sans montant (€ 30,05).
- Un montant variable en fonction de la longueur du document et du nombre de copies autorisées à délivrer.
- Les frais de déplacement du notaire s'ils sont exceptionnellement nécessaires (18 € par heure).
- Les suppléments correspondant à ce type d'acte, tels que : le papier timbré utilisé (0,15 € par feuille).
- Enfin, il ne faut pas oublier que la prestation d'un service (même s'il s'agit d'un service public) est soumise à la taxe sur la valeur ajoutée (TVA de 21 %).
Afin d'avoir un coût total approximatif basé sur les facteurs qui viennent d'être expliqués. En supposant que la longueur du document est d'environ 8 pages (notre modèle type avec la documentation jointe), qu'une copie authentique est délivrée et que le notaire ne doit pas se déplacer pour signer, le coût total de l'acte de répudiation serait d'environ 115 euros (TVA incluse).
Comment exécuter un acte de répudiation d'héritage ?
Pour passer un acte de répudiation d'héritage, il suffit de contacter le bureau du notaire et de prendre rendez-vous à la date et à l'heure qui conviennent à l'intéressé. À la date et à l'heure convenues, il suffit à la partie intéressée de se rendre chez le notaire avec les documents nécessaires pour signer l'acte correspondant :
- Carte d'identité nationale en vigueur de l'intéressé qui souhaite renoncer.
- Acte de décès du défunt ou de la personne à l'origine de la succession.
- Certificat des dernières volontés du défunt (si les cédants ne l'ont pas, l'étude du notaire peut se charger de l'obtenir).
- L'acte de succession du défunt en vertu duquel sa succession doit être ordonnée (c'est-à-dire une copie certifiée conforme de son dernier testament valide ou, le cas échéant, du pacte successoral ou de l'acte de déclaration des héritiers ab intestat).
Conclusion :
Dans le domaine du droit commun, la réglementation de la répudiation de l'héritage se trouve dans les articles 988 et suivants du Code civil, dont je résume les principaux points suivants que les utilisateurs doivent garder à l'esprit :
Je conclus mon article, comme beaucoup d'autres, en vous conseillant toujours, en cas de doute, de ne pas hésiter à contacter directement le bureau d'un notaire, car il répondra à vos préoccupations ou à vos questions de manière adéquate et gratuite.