
Soyez proactif et planifiez votre héritage numérique
Depuis de nombreuses années, avec l'avènement des nouvelles technologies de l'information et de la communication, la vie des gens prend de plus en plus un aspect numérique qui est crucial pour notre quotidien. Ainsi, nous voyons comment des applications telles que Gmail, WhatsApp, Facebook, Instagram, TikTok, Icloud, LinkedIn, etc. (sans parler des projets dont le potentiel peut avoir un grand impact dans ce domaine, comme tout ce qui concerne le Metaverse), ont une présence omniprésente dans nos vies et nos relations interpersonnelles, tant dans la sphère personnelle que professionnelle.
En eux, de manière plus ou moins consciente, nous déversons et stockons un ensemble d'informations et de données privées de grande importance pour toute personne (courriels, conversations, photos, vidéos, audios, données de géolocalisation, etc.), qu'il faudra, le cas échéant, gérer le jour où le propriétaire mourra.
Ainsi, dans cet article, par le biais de notre traditionnel système de questions-réponses, nous tenterons d'aborder de manière didactique et ludique la façon dont chacun peut organiser sa succession dans ce domaine de ce que l'on appelle le "patrimoine numérique", c'est-à-dire déterminer ce qu'il convient de faire de toutes ces ressources et informations numériques, qui doit y avoir accès, qui doit les gérer et comment, etc.
Pourquoi est-il important aujourd'hui de réfléchir à l'activité technologique d'une personne et à sa gestion en cas de décès ?
En effet, comme on le sait, aujourd'hui, au XXIe siècle, les nouvelles technologies de l'information et de la communication ont pris une place très importante dans nos vies, de sorte que la plupart d'entre nous disposent de multiples ressources numériques grâce auxquelles nous communiquons, gérons nos loisirs et couvrons nos besoins.
Pensons simplement aux applications ou ressources numériques ou technologiques que nous utilisons tous les jours :
- Comptes de messagerie (Hotmail, Gmail, etc.) où l'on stocke tout l'historique de nos courriels au cours de notre vie.
- Les applications de messagerie instantanée, telles que WhatsApp, où nous avons des conversations textuelles, audio et vidéo au quotidien.
- Les bases de données en nuage, comme ICloud, où nous stockons toutes nos photos, vidéos, documents, etc.
- Plateformes ou réseaux sociaux, tels qu'Instagram, TikTok, YouTube, etc. où les utilisateurs créent et consultent des contenus tiers, communiquent avec d'autres personnes par le biais de la messagerie publique et/ou privée, etc.
- Les plateformes de visionnage en ligne de contenu numérique, telles que Netflix, HBO, Amazon Prime Video, etc.
- Applications pour l'achat et la vente de biens, comme Wallapop.
- Applications de livraison de nourriture, telles que Glovo, etc.
- Applications de jumelage, telles que Tinder, etc.
- Applications de réseautage professionnel, telles que LinkedIn, etc.
En bref, comme nous pouvons le constater, aujourd'hui, dans notre vie, nous sommes exposés à une multitude de ressources numériques où des personnes, de manière plus ou moins consciente, déversent toutes nos données personnelles (conversations, photographies, vidéos, données de géolocalisation, documents, etc.), y étant stockées et enregistrées pour notre gestion, tout au long de notre vie.
Il n'en reste pas moins que, malheureusement, la vie des gens n'est pas infinie, et que nous mourrons tous tôt ou tard. Dans ce cas, il est nécessaire de déterminer ce qu'il adviendra de toutes ces informations et de se poser des questions telles que : Qu'adviendra-t-il de toutes ces informations?
- Est-ce que je veux que mes enfants ou ma femme puissent voir toutes les informations numériques que j'ai stockées tout au long de ma vie ?
- Qu'est-ce que je veux qu'il advienne de tout ce contenu numérique que j'ai créé ? Est-ce que je veux qu'on supprime mon compte YouTube, où j'ai, par exemple, posté des centaines de vidéos informatives tout au long de ma vie ? Est-ce que je veux qu'il reste ?
- Est-ce que je veux que mes héritiers ou mes proches puissent obtenir une copie de l'ensemble du "legs numérique" de ma vie ?
- La personne qui a accès à tout ce contenu numérique peut-elle en faire la publicité ?
Sans aucun doute, toutes ces questions, qui il y a quelques années auraient ressemblé à de la science-fiction, sont devenues aujourd'hui des aspects très pertinents à prendre en compte par toute personne qui envisage d'organiser sa succession, car il est clair que des domaines très importants pour toute personne sont en jeu, comme notre vie privée, notre droit à l'honneur et à notre propre image, l'accès à du matériel qui a une valeur sentimentale pour son propriétaire, ou même l'accès à du matériel qui pourrait avoir un contenu économique.
Qu'est-ce qu'un "testament numérique" ?
Un "testament numérique" est un document (ou des déclarations spécifiques incluses dans un document plus large, tel qu'un testament) dans lequel toute personne peut exposer ses souhaits quant au sort et à la manière de gérer l'ensemble de son "héritage numérique", c'est-à-dire l'ensemble des ressources numériques dont elle disposait de son vivant.
Ainsi, le propriétaire de tous ces actifs numériques (comptes de messagerie, comptes sur des plateformes numériques, médias sociaux, etc.), détermine les aspects pertinents tels que les personnes qui doivent avoir accès à ces comptes (ou non), la manière dont ces actifs numériques doivent être gérés à son décès (doivent-ils être conservés, doivent-ils être supprimés, peut-on obtenir des copies, etc.)
La loi réglemente-t-elle les "testaments numériques" ?
En effet, il existe différentes règles qui, de manière plus ou moins correcte et détaillée, réglementent cette question, que nous allons mettre en évidence ci-dessous :
Tout d'abord, au niveau de la réglementation étatique, il faut se référer aux dispositions de la loi organique sur la protection des données, dont l'article 96, en relation avec le "droit à un testament numérique", établit que l'accès aux contenus gérés par les fournisseurs de services de la société de l'information sur les personnes décédées sera régi par les règles suivantes:
- Les personnes liées au défunt pour des raisons familiales ou de fait, ainsi que ses héritiers, peuvent contacter les prestataires de services de la société de l'information afin d'accéder à ces contenus et leur donner les instructions qu'ils jugent appropriées quant à leur utilisation, leur destination ou leur suppression.
- ~A titre exceptionnel, les personnes susmentionnées ne peuvent pas accéder au contenu du défunt, ni en demander la modification ou la suppression, lorsque la personne décédée l'a expressément interdit ou lorsque cela est établi par la loi. Cette interdiction n'affecte pas le droit des héritiers d'accéder aux contenus qui peuvent faire partie de la succession.
- L'exécuteur test amentaire et toute personne ou institution expressément désignée par le défunt peuvent également demander, conformément aux instructions reçues, l'accès au contenu en vue de se conformer à ces instructions.
- Dans le cas des mineurs décédés, ces pouvoirs peuvent également être exercés par leurs représentants légaux ou, dans le cadre de leurs compétences, par le ministère public, qui peut agir d'office ou à la demande de toute personne physique ou morale intéressée.
- En cas de décès des personnes handicapées, ces pouvoirs peuvent également être exercés, en plus de ceux visés au point précédent, par les personnes qui ont été désignées pour l'exercice des fonctions d'assistance si ces pouvoirs sont compris dans les mesures d'assistance fournies par la personne désignée.
Dans tous ces cas, les ayants droit peuvent décider du maintien ou de la suppression des profils personnels des personnes décédées sur les réseaux sociaux ou les services équivalents, sauf si le défunt avait décidé de cette circonstance, auquel cas ses instructions seront suivies.
De même, la réglementation étatique reconnaît expressément son caractère supplétif par rapport au droit civil foral ou spécial que chaque communauté autonome compétente en la matière peut établir (comme dans le cas de la Catalogne, comme nous le verrons).
Cela dit, comme nous l'avons mentionné, dans le cas du droit civil catalan, sa réglementation en matière de succession (concrètement l'article 411-10 du livre IV du code civil catalan), relative aux " testaments numériques en cas de décès ", contient également sa propre réglementation sur les " testaments numériques ".
Ainsi, elle précise que les testaments numériques à cause de mort s'entendent comme les dispositions établies par une personne pour qu'après son décès, l'héritier ou l'exécuteur universel, le cas échéant, ou la personne désignée pour les exécuter, agisse auprès des fournisseurs de services numériques auprès desquels le défunt dispose de comptes actifs.
Sur cette base, le testateur, dans les testaments numériques en cas de décès, peut stipuler le contenu et la portée spécifique de l'ordre à exécuter, notamment que la personne désignée doit effectuer une ou plusieurs des actions suivantes:
- Communiquer aux fournisseurs de services numériques leur disparition.
- Demandez aux fournisseurs de services numériques d'annuler leurs comptes actifs.
- Demander aux fournisseurs de services numériques d'appliquer les clauses contractuelles ou d'activer les politiques établies pour les cas de décès des titulaires de comptes actifs et, le cas échéant, de vous fournir une copie des fichiers numériques sur leurs serveurs.
Cela dit, en ce qui concerne la forme dans laquelle ces testaments numériques doivent être exprimés, la législation catalane établit que les testaments numériques peuvent être ordonnés au moyen d'un testament, d'un codicille ou d'un mémoire testamentaire.
- À l'époque, la législation catalane prévoyait également la possibilité d'accorder ces testaments numériques dans un document distinct du testament, qui devrait être inscrit dans un registre électronique des testaments numériques. Toutefois, cette possibilité a été déclarée inconstitutionnelle par le TC dans son arrêt 7/2019, au motif qu'elle empiétait sur les compétences de l'État en matière de registres publics.
Dans le cas où le défunt n'a pas exprimé sa volonté numérique, l'héritier ou l'exécuteur universel, le cas échéant, peut exécuter les actions susmentionnées conformément aux contrats que le défunt a conclus avec les fournisseurs de services numériques ou conformément aux politiques que ces fournisseurs ont en vigueur.
En revanche, si le défunt n'en a pas disposé autrement dans ses testaments numériques, la personne chargée de les exécuter ne peut pas avoir accès au contenu de ses comptes et fichiers numériques, sauf si elle obtient l'autorisation judiciaire correspondante.
Est-il important d'avoir un "testament numérique" de nos jours ?
En effet, comme nous l'avons vu, au XXIe siècle, la plupart des citoyens disposent de dizaines de ressources numériques (courrier électronique, réseaux sociaux, applications de services, etc.) dans lesquelles, pendant des années et des années, nous stockons des données personnelles (conversations privées, photos et vidéos intimes, lieux où nous sommes allés, produits et services que nous avons consommés, etc.) sur les aspects les plus intimes et privés de notre vie.
Par conséquent, lorsque nous mourrons, toutes ces informations et données devront être gérées, c'est-à-dire que quelqu'un devra en prendre soin, de sorte que, si nécessaire, il aura accès à toutes ces informations et données personnelles et sensibles, ce qui, dans certains cas, peut causer de la douleur ou des désaccords entre nos proches, dans le cas où nous ne voulons pas que tout ou partie de ces données ou informations soient connues ou divulguées.
Compte tenu de ce qui précède, il est essentiel que toute personne, lorsqu'elle cherche à organiser sa succession et envisage de rédiger un testament, au-delà des questions patrimoniales, tienne compte de cette réalité, afin de déterminer de manière adéquate des aspects aussi importants que.. :
- Qui doit ou ne doit pas avoir accès à mon héritage numérique.
- Ce queje veux qu'il advienne de mon héritage numérique (est-ce que je veux que mes réseaux sociaux soient maintenus, supprimés, que du contenu continue d'y être publié par mes héritiers ou mes mandataires, etc.)
- ~Imaginez un compte Instagram, YouTube ou TikTok avec des centaines de milliers de followers. Son créateur voudra-t-il supprimer tout le contenu ? Le conserver ? Publier du nouveau contenu par des tiers ?
- Qui peut obtenir une copie de tout mon patrimoine numérique (photos, vidéos, conversations, données de géolocalisation, etc.)
- ~Est-ce que tous mes héritiers peuvent obtenir des copies de tout ? Seulement de certains ? Tout mon contenu ou seulement une partie ?
Pour toutes ces raisons, il est essentiel de prendre en compte l'ensemble de ce domaine lorsque l'on s'apprête à organiser sa future succession.
Comment puis-je faire un "testament numérique" ?
Comme nous l'avons indiqué, il n'existe actuellement aucun document ad hoc permettant à une personne d'établir son "testament numérique" de manière exclusive, mais ces dispositions doivent être incluses dans un document plus large, c'est-à-dire généralement un testament.
Par conséquent, si une personne souhaite rédiger un "testament numérique" et déterminer ce qu'il adviendra de son "héritage numérique" à sa mort, il convient de se rendre chez un notaire et de rédiger un testament dans lequel, outre les dispositions de nature patrimoniale (désignation du ou des héritiers correspondants, légataires, etc.), une clause expresse est incluse en tant que "testament numérique", où sont établies toutes les dispositions jugées nécessaires à cet égard.
En tout cas, si vous souhaitez obtenir plus d'informations sur ce qu'est un testament, ses exigences, son coût, etc., vous pouvez consulter la section correspondante de notre page web sur le sujet, ICI.